Le jeudi 31 août 2017, Ruben Grave, CEO de Be-Coworking, était invité sur la radio nationale Europe 1 dans l’émission Circuits Courts. Le thème du jour était le télétravail. L’autre invité du jour était Xavier de Mazenod, fondateur de Zevillage.

Aujourd’hui, 10% des télétravailleurs ont recours au coworking. Ruben Grave est le fondateur de 4 espaces de coworking : trois sont situés dans Paris intra-muros (17e et 18e arrondissements), et un en Normandie, à Gisors.

 

Les avantages du coworking lorsque l’on télétravaille

Ruben Grave est convaincu que l’on travaille mieux avec d’autres plutôt que tout seul chez soi :

« Le lien crée de la richesse, quel que soit le domaine : que ce soit dans le domaine du travail, dans la société en général ou même dans le domaine des amitiés ou de la vie quotidienne, quand on va vers la différence on crée de la richesse. »

Comment ça marche, Be-Coworking ? Est-ce de la location au mois, à l’heure ?

« Il y a plusieurs types d’espaces de coworking : d’une part, des espaces immenses qui comportent des milliers de mètres carrés, avec des environnements de travail qui ressemblent un peu à celui des entreprises classiques ; et d’autre part de petits espaces de coworking qui rassemblent des communautés assez fortes.

Notre particularité, c’est que vous pouvez venir une heure en mode café, ou installer votre activité et être accompagné de manière plus pérenne. »

Be-Coworking réunit dans un même espace ingénieurs, artistes, informaticiens, ce qui stimule la créativité.

« L’innovation se fait par capillarité : dans les grandes entreprises, beaucoup de choses se passent à la machine à café. Cela peut être organisé ou laissé libre. Mais quand vous travaillez sur une nouvelle idée ou problématique au sein de votre projet, et que vous avez la possibilité d’en parler avec des gens qui ont des cultures, des métiers, des passions différentes… La posture, la vision, les expériences s’enrichissent mutuellement, et on trouve des solutions beaucoup plus vite. »

Y aurait-il une sorte de consanguinité en entreprise, sans doute un peu dépassée  ?

« La consanguinité ne donne jamais de jolies choses », sourit Ruben Grave. « Nous travaillons cette diversité. Aujourd’hui on a, par exemple, des entreprises qui travaillent avec des street artistes pour affiner leur stratégie de street marketing, avec des green tags : on nettoie les trottoirs autour d’une jolie forme, ce qui permet de communiquer sur l’entreprise installée à proximité. »

Avez-vous assisté à des scènes à la machine à café, où un informaticien est aidé par un artiste ?

« On l’a même organisé », s’enthousiasme Ruben Grave, « pour une entreprise qui avait loué une salle chez nous pour un séminaire. On avait créé un moment entre eux et un créateur de parfums, passionnant et passionné, qui avait développé son activité chez nous. L’idée était de créer un moment en commun entre les salariés de cette entreprise. Ce créateur de parfums est intervenu pour que chacun puisse repartir avec son parfum à la fin de la journée. »

Le coworking : comment ça fonctionne ?

Les espaces de coworking sont-ils toujours pleins ?

« Le principe est la flexibilité, donc les espaces ne sont pas plein tout le temps. Mais la variabilité des activités et des types de communautés que l’on accompagne optimisent beaucoup les espaces. »

Le coworking a-t-il vraiment ‘pris’ dans la société d’aujourd’hui ?

« Oui », confirme le fondateur de Be-Coworking, « aujourd’hui on est entre 150 et 250 personnes par jour sur les quatre lieux. Ça fait du monde! Sur Paris, une centaine d’espaces ont ouvert en un an ! C’est énorme. »

Y a-t-il un avenir pour le coworking en région ?

« Oui, tout à fait. Zevillage (il se tourne vers Olivier De Mazenod, à côté de lui) a une expérience plus grande que la nôtre là-dessus. Les temps de transport sont optimisés ; la rencontre avec d’autres permet l’échange. Même s’il n’y a pas la même pression immobilière en province, il y a ce besoin de créer des choses ensemble et de se réunir autour de projets communs. »

Le collectif est donc partout dans ce que vous faites ?

« C’est plutôt l’équilibre entre le collectif et l’individuel qui est intéressant. L’un ou l’autre séparément ne marchent pas. On assiste à une société où chacun a envie de créer son projet, lancer son entreprise, et aujourd’hui la politique va également dans ce sens. Il faut donc préparer les lieux et les communautés pour accueillir cette lame de fond. »

Le futur du télétravail et du coworking

Le télétravail et le coworking peuvent-ils faire reculer le chômage ?

Ici, les avis divergent. Olivier De Mazenod, de Zevillage, nuance son propos : « Indirectement, télétravail et coworking améliorent la qualité de vie de l’entreprise, donc cela crée de la richesse, mais il n’y a pas de lien direct. »

Ruben Grave, quant à lui, répond franchement par la positive. « Auparavant, la création d’entreprise était une vraie montagne pour beaucoup de gens. Ne parlons pas des artistes, qui se représentent une image très compliquée de l’administratif en général, et de la création d’activité en particulier. Quand on a un lieu où on peut travailler, être accompagné, vivre, inviter ses amis, avoir des moments de vie – la création d’activité devient beaucoup plus accessible. »

Question de Twitter : le télétravail est-il synonyme de revitalisation des zones rurales ?

«  Oui, bien sûr. Ce serait génial de pouvoir reconnecter le tourisme, l’agriculture, les écoles et tous les tissus qui ne se parlent pas. Je reviens de Bretagne, d’où je suis originaire », raconte Ruben Grave. «  C’est bien de pouvoir présenter des gens qui habitent des gens qui habitent le même village et qui ont des projets sans se connaître. »

Isabelle Saporta, chroniqueuse de Circuits Courts, a fort bien résumé le caractère philosophique de l’interview :

« Vous nous avez appris qu’on peut révolutionner le travail. Ça fait des décennies qu’on nous dit qu’il faut que la sphère privée soit hermétiquement étanche à la sphère du travail. Et là, vous êtes en train de nous dire que non seulement il ne faut pas, mais que quand elles ne le sont pas (étanches), elles se nourrissent l’une l’autre et qu’on crée de la valeur : valeur humaine et valeur marchande, puisqu’on a 20% de rendement en plus. On ne bâtit pas de pyramide tout seul. »

Dans le domaine du télétravail, la France a pris un sérieux retard. Un candidat sur deux au télétravail se voit refuser cet aménagement par son employeur. Aux Etats-Unis en revanche, 43% des salariés peuvent télétravailler… La route est encore longue pour l’implantation des nouvelles formes de travail au sein des usages français, mais leur fulgurant progrès des dernières années laisse présager un bel avenir.

 

Interview réalisée par Maxime Switek et Anne Legall, journalistes à Europe 1.

Pour écouter l’interview dans son intégralité, c’est par ici !
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